HÔ CHI MINH

HÔ CHI MINH



Dans l’histoire des révolutions du XXe siècle, Hô Chi Minh (Celui qui éclaire), né en 1890, fondateur et président de la République démocratique du Vietnam, occupe une place à part en raison du combat, le plus long, qu’un révolutionnaire de ce temps ait eu à mener contre l’hégémonie occidentale et l’impérialisme colonial. Militant communiste et anticolonialiste de la première heure, il se consacre entièrement à l’émancipation du Vietnam jusqu'à lui sacrifier sa vie personnelle : « Il y a cent façons d’exister, il n’y en a qu’une de vivre pleinement : contribuer au bonheur des siens ! »

Il vit une grande partie de son existence dans la clandestinité, toujours dans le plus grand dénuement matériel, parfois dans la misère. Empêché de revenir dans son pays, il participe à la fondation du Parti communiste français, au congrès de Tours, en 1920, et en profite pour dénoncer la présence française en Indochine. En mai 1941, alors que le Vietnam est sous occupation japonaise, il fonde le Vietminh, avec Pham Van Dong, futur Premier ministre du Vietnam indépendant, et Vô Nguyên Giap, futur chef de l’Armée populaire vietnamienne.

Le 27 août 1942, lors d’un passage en Chine, Hô Chi Minh est arrêté faute de papiers en règle. Il est jeté en prison par Tchang Kaï-chek durant plus d’une année dans plus de 30 prisons de 13 districts du Guangxi, souffrant des mauvais traitements, des conditions de détention déplorables et de maladies. Il est libéré en 1943. Les Étatsuniens ont besoin de lui pour lutter contre le Japon. Il sort de captivité avec  son Carnet de prison :  133 poèmes en chinois composés entre le 29 août 1942 et le 10 septembre 1943, plus quelques notes : le témoignage de son emprisonnement, un autoportrait à plusieurs facettes : le révolutionnaire, le prisonnier qui souffre, l’homme compatissant envers les plus vulnérables, le poète sensible à la nature : Dans la prison, il n’y a ni alcool ni fleurs ; - mais la beauté de la nuit ne peut laisser indifférent ; - l’homme contemple la lune à la fenêtre ; - la lune s’immisce à travers l’interstice pour admirer le poète.

En 1960, le Carnet de prison est traduit en vietnamien. Aujourd’hui, il est accessible en plus de 25 langues. Une édition en français, partielle (72 poèmes et 3 illustrations), a été publiée en 1983 par les Éditions en langues étrangères à Hanoï. Hô Chi Minh reprend la direction de la résistance en Indochine et proclame l’indépendance de son pays, après le départ des Japonais le 2 septembre 1945, dont il devient le président. Mais il se heurte d’une part aux ambitions hégémonique de la Chine, d’autre part à la volonté de la France de rétablir sa souveraineté dans ses anciennes colonies.

La première guerre d’Indochine (1946-1954) voit s’affronter le Vietminh et l’armée française. Hô Chi Minh ne conserve évidemment pas le soutien des États-Unis dans son combat anticolonialiste. Une fois le Japon vaincu, les USA privilégie désormais la guerre contre le communisme et apporte à la France un soutien massif, tant financier que matériel. Cela n’empêche pas sa défaite. Les accords de Genève consacrent en 1954 l’indépendance, mais aussi la partition du Vietnam avec au sud du 17e parallèle, le Sud-Vietnam pro-occidental et au nord le Nord-Vietnam communiste. Hô Chi Minh et son peuple doivent faire face à une seconde guerre (1963-1975).

Hô Chi Minh meurt le 2 septembre 1969 à Hanoï, à 79 ans, avant le triomphe de son camp, le 30 avril 1975 et la réunification du Vietnam, en 1976.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

À lire (en français) : Écrits et combats (Le Temps des Cerises, 2019).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Yusef KOMUNYAKAA & les poètes vietnamiens de la Guerre du Vietnam n° 56